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Qu’est-ce que la méthodologie de soins Gineste-Marescotti®, dite “Humanitude” ?

Posted in Étape 2 : Accompagner | 15 comments

La plupart des soignants travaillant en gériatrie ont un jour été confronté à des personnes démentes présentant des troubles du comportement : cris, insultes, griffures, pincements…. La fréquence de ces troubles tend à augmenter lors des soins, et en particulier des toilettes, qui sont souvent, du fait de la démence, mal interprétés et vécus par la personne malade comme une intrusion.

Mais ce que les soignants peuvent interpréter comme des gestes agressifs ne sont, bien souvent, que des gestes défensifs. En effet, la personne peut ne plus savoir où elle se trouve, ne pas reconnaitre le soignant, et ne pas comprendre ce qu’il vient lui faire. Ses réactions ne sont qu’une réponse à une mauvaise interprétation de la situation, et sont liées aux troubles cognitifs qui rendent les personnes démentes particulièrement sensibles aux éléments para-verbaux (l’intonation de la voix par exemple) et non-verbaux de la relation (comme l’attitude du soignant et sa manière de toucher la personne).

C’est pour prévenir ces troubles du comportement et favoriser une interprétation positive des soins que la méthodologie de soins Gineste-Marescotti® a été élaborée par Yves Gineste et Rosette Marescotti.

 

Quels sont les principes directeurs de cette approche ?

 

Le regard, la parole, le toucher.

 

Le premier principe est une réponse aux troubles cognitifs de la personne qui la rendent hypersensibles aux éléments para-verbaux et non-verbaux de la relation. L’objectif de cette réponse est de permettre à la personne d’interpréter les soins, non pas comme un acte agressif, mais comme un acte bienveillant. Elle s’organise autour de manières spécifiques de regarder, de parler et de toucher quelqu’un.

  • Un regard qui comporte certaines caractéristiques est plus enclin à être interprété positivement : Yves Gineste et Rosette Marescotti en retiennent 4 : un regard axial (face à la personne et non pas sur le côté), horizontal (à sa hauteur et non pas par le haut), long (on maintient le regard pour qu’il ne soit pas fuyant) et proche.
  • Une parole qui annonce à l’avance les gestes qui vont être effectués et qui les décrit. Cela permet de ne pas surprendre la personne, elle sait à l’avance ce qui va se passer.
  • Un toucher qui comporte également certaines caractéristiques : il est professionnel (il convient d’apprendre certaines manières de toucher moins agressives : par exemple on privilégiera « la saisie en berceau » et on évitera « la saisie en pince »), progressif (on ne commence pas à toucher quelqu’un sur une zone sensible ou intime), permanent (une fois que le contact est établi, on le maintien), et pacifiant (un toucher doux et qui parcourt de grandes parties du corps). Ce toucher ne se réduit pas à un geste technique et utilitaire, il est proposé et non imposé ; il devient alors toucher relationnel, « toucher tendresse ».

 

Le maintien de la verticalité

 

Pour Yves Gineste, une personne âgée correctement accompagnée doit vivre debout. Pour se faire, il convient d’éviter au maximum les toilettes effectuées au lit, et de verticaliser au maximum ces personnes.

 

Les préliminaires au soin

 

On ne peut pas démarrer un soin sans d’abord établir une relation. Il convient donc de commencer par établir cette relation qui va permettre d’obtenir l’assentiment de la personne. Si le soin n’est pas consenti, il est reporté.

 

Le rebouclage sensoriel

 

Il existe plusieurs canaux de communication et plusieurs sens qui y participent : le regard, la parole, le toucher. Le rebouclage sensoriel consiste à communiquer avec au moins deux de ces sens, l’idéal étant les trois. L’objectif est d’adresser un message bienveillant de manière congruente et simultanée avec plusieurs sens. Par exemple, si je dis des mots rassurants, il convient que je parle d’une voix calme et que mes gestes soient doux. Si mes gestes sont trop rapides, ils ne sont plus congruents avec ma parole.

 

La consolidation émotionnelle

 

Il s’agit de terminer le soin où le soignant exprime explicitement un message positif pour renforcer le fait que le soin s’est bien déroulé. L’objectif est de renforcer positivement la mémoire émotionnelle de la personne afin de prédisposer au mieux les soins ultérieurs.

 

Notre avis

 

Public : Familles et professionnels.

 

Familles : La méthode est intéressante à connaitre, tant pour améliorer la compréhension de la démence, que pour faciliter les échanges avec les personnes atteintes par cette pathologie.

 

Professionnels : L’humanitude doit être connue de tous les professionnels travaillant auprès des personnes âgées démentes. Elle permet une meilleure compréhension de ce que vivent les personnes démentes, en particulier lors des soins. La méthode Gineste-Marescotti propose une approche plus respectueuse de la personne et qui permet de prévenir les troubles psycho-comportementaux, en particulier lors des soins et des toilettes.

 

Et vous, avez-vous fait l’expérience de la méthodologie Humanitude dans votre pratique ? Laissez un commentaire ci-dessous.

 

Pour en savoir plus sur l'Humanitude:

 

Crédits photographiques :

Image de couverture : © Sandor Kacso - Fotolia.com

 

 

15 Comments

  1. Bonjour je viens d’effectuer 3 jours de formation pour laquelle vous étiez formateur.
    Je suis agent social dans une résidence non médicalisée pour personnes âgées autonomes. Un couple y réside dont le monsieur est atteint de la maladie d’alzheimer( actuellement au stade modéré de la maladie). Sa femme, principale aidante est actuellement en grande souffrance. Ils ont 86 ans.
    Y aurait il un ouvrage / livre qui pourrait l’aider à “mieux vivre son quotidien” , l’aider à mieux comprendre pour pouvoir appréhender autrement les troubles du comportement de son époux?
    Je vous remercie par avance de votre lecture.
    Dans l’attente de votre réponse.
    Bien à vous. Léna

    • Bonjour et merci pour votre question. Il y a plusieurs ouvrages comme :
      – Maladie d’Alzheimer : le guide de l’accompagnant de Mathilde Regnault. C’est certainement le plus adapté pour ce que vous cherchez.
      – 100 questions-réponses pour mieux comprendre la maladie d’Alzheimer.
      Bonne continuation

    • Bonjour,

      Je travaille sur ce thème dans le cadre de mes études et j’ai trouvé un titre d’ouvrage qui correspond à votre recherche.

      Source : Maladie d’Alzheimer: le vécu du conjoint Ressource électronique / Régine Bercot
      Toulouse : ERES, 2012

      Cordialement,

      • Merci pour votre contribution

  2. Bonjour,
    En formation d’aide soignante, je découvre votre méthode. Nous avons vu une vidéo sur votre manière d’aborder les soins. J’ai
    constaté avec sidération qu’en stage cette démarche n’était pas prise en compte. En moyenne un établissement sur 10 pratique cette méthode. Je comprends mieux pourquoi mon stage n’a pas marché. Je croyais qu’il y avait en moyenne 6 établissements sur 10 qui travaillaient ainsi et que les autres ne pouvaient pas faute de personnel. En fin de compte c’est une démarche de soin. Accepteriez-vous que je puisse faire un stage dans l’Ehpad où vous pratiquez cette méthode?
    Cordialement Anne

    • Bonjour
      Ce site internet est un site indépendant et n’est pas un EHPAD. Pour l’approche Humanitude, je vous invite à contacter l’institut Gineste-Marescotti, mais c’est un organisme de formations et non un EHPAD.
      Bien à vous

  3. Bonjour
    J’ai découvert cette méthode il y a deux mois grâce à une collègue.
    Je cherchais des informations pour accompagner une personne souffrant de troubles cognitifs .
    Une évidence , voilà mon sentiment à la découverte d’une vidéo YouTube.
    Je parcours internet à la recherche d’informations et vidéos pour en apprendre toujours plus .
    Cela m’a même motivé à m’inscrire pour une VAE afin d’avoir accès à vos formations.

  4. Bonsoir y a til des centres pour personnes agees utilisant cette methode en Belgique ? Bruxelles plus exactement …En vous remerciant

    • Bonjour
      Je ne sais pas
      Le mieux serait de poser directement la question sur le site internet de l’humanitude
      Bien à vous

  5. C’est une excellente approche de la personne soignée.
    Respect, douceur, tact, évolutif, patience, authenticité,
    relationnelle et personnelleé

    Bravo pour l’humanitudeé

    Gérard CHAMPIGNY
    Québec,, Canada.

  6. Bonjour, l’éphad où séjourne mon papa, atteint de la maladie d’Alzheimer à l’avant dernier stade a décidé d’instaurer le principe d’humanitude et d’en obtenir le label. Je trouves que le principe d’humanitude est très louable en soi mais il soulève chez moi quelques questions auxquelles vous pourrez peut-être répondre. Qu’en est-il de la sécurité des résidents atteints de démence. Nous avons pris la décision de placer notre papa parce qu’il ne pouvait plus juger par lui même des conséquences de ses actes et se mettait en danger involontairement. L’établissement visant à obtenir le label humanitude a décidé qu’il y aurait zéro contention… Mon papa est sous somnifères pour parvenir à dormir et par sécurité, on lui mettait les barreaux du lit pour qu’il ne tombe pas sous effet des médicaments. C’est interdit maintenant, ce qui l’amène à se promener une partie de la nuit et à s’endormir parfois sur une chaise ou dans un fauteuil. heureusement il ne lui encore rien arrivé mais la direction, face à mon interrogation, me répond que le risque de chute grave existe mais serait dû à sa volonté d’être libre de ses mouvements, et que ceci est plus important dans le principe d’humanitude que le risque qui en découle. La direction dit aussi que les soignants ne sont pas là pour veiller à la sécurité des résidents, ce qui est pour nous familles très stressant. Dans les articles que j’ai pu lire sur l’humanitude, on y parle beaucoup des soins et de la non-contrainte mais je n’ai rien trouvé sur la sécurité et la mise en danger des personnes. Pourriez-vous m’éclairer sur le sujet et éventuellement me conseiller des articles, parutions traitant du sujet? Merci beaucoup pour votre retour
    Virginie

    • Bonjour Virginie
      Votre question est tout à fait légitime et très importante. Nous sommes tous chaque jour tiraillé entre des impératifs de sécurité et de liberté. Les EHPAD n’échappent pas à la règle. La limitation de la liberté au profit de la sécurité a des effets, et inversement. Il n’y a pas de bonne réponse mais il est important de se rendre compte que la sécurité ou la liberté contiennent leur part de bénéfices et de risques. L’idée est de trouver un bon équilibre : quelle part de risque je suis prêt à prendre pour mener une vie épanouissante ?
      Il y a un documentaire sur le sujet qui s’appelle “Portes Closes“.
      Bien à vous

  7. Merci pour votre réponse.
    Belle journée à vous

  8. Bonjour, je recherche en vain des personnes formees a ce label pour un accompagnement a Nantes ou a proximité, je ne vois pas de liste permettant d acceder a un accompagnement bienveillant en structure avec ce label,ou a domicile en accompagnement,nos proches etant en grande souffrance enfermés sans activités, pouvez vous me guider ?

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