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Comment gérer les cris chez les patients atteints de démence ?

Posted in Étape 2 : Accompagner | 16 comments

Je vous propose ici une synthèse de deux articles particulièrement intéressants sur les cris chez les patients atteints de démence. Ces articles, parus dans la Revue Canadienne de la maladie d’Alzheimer en janvier 2004 et janvier 2005, ont été rédigés par le Dr Bernard Groulx, psychiatre à l’hôpital Sainte-Anne-de-Bellevue et professeur agrégé à l’Université McGill à Montréal.

Les cris font partie des « troubles du comportement » qui génèrent un stress important, en partie dû à l’incompréhension de l’entourage et à l’absence de réponse concrète. Dans ces deux articles, le Dr Groulx propose une lecture de ce trouble particulier en explorant les causes possibles, ainsi que des propositions d’intervention.

Rechercher les causes

 

Les causes des cris sont certainement multiples et peuvent être réparties en fonction de leur origine interne ou externe.

Parmi les facteurs internes on peut trouver : la douleur (que le patient ne parvient plus à exprimer avec des mots), un inconfort (incontinence, constipation), une sensation de faim, de chaud ou de froid, mais aussi des facteurs physiologiques tels que des sensations de malaise.

C’est pourquoi, un examen médical est nécessaire dans toutes les évaluations des symptômes comportementaux. 

Et également des causes plus psychologiques tels qu’un sentiment de solitude ou d’abandon ; ou même psychiatriques : délires, hallucinations, dépression.

Parmi les facteurs externes on peut trouver : des facteurs de stress éventuels comme un sentiment d’insécurité, des horaires de soins inappropriés aux rythmes de la personne, des stimulations environnementales excessives ou, à l’inverse, insuffisantes (crier étant une manière de créer une stimulation), des déficits sensoriels, des changements récents dans l’environnement, ou la mise en place d’une contention.

Inventer des solutions

 

Cette recherche d’une cause s’inscrit dans la lignée des travaux du Dr J. Cohen-Mansfield qui mettent en lien les troubles du comportement avec les éventuels besoins insatisfaits. Dans ce cas, le trouble peut servir à combler le besoin (les cris pouvant servir à remplir un mode intérieur devenu vide), à communiquer un besoin (les cris pouvant servir à communiquer une douleur physique ou une souffrance telle que la solitude, l’angoisse ou la dépression), ou à exprimer la frustration qui résulte de cette insatisfaction.

Il est donc essentiel de maintenir une communication avec quelqu’un qui manifeste un trouble tel que des cris, et non pas l’isoler comme le font encore certains professionnels. Le Dr Groulx rappelle qu’il est bien plus efficace de toucher le patient et de le masser en lui parlant.

Il rappelle également l’importance de prendre en compte le sentiment de solitude en rapprochant ces personnes des zones où il se passe quelque chose, ou bien en affichant de grandes affiches de sa famille, ou encore en utilisant des enregistrements audio ou vidéo de ces personnes. La présence d’animaux familiers est également une alternative très intéressante.

D’autres solutions restent à inventer et c’est certainement le message essentiel que je retiens de ces 2 articles : « il faut essayer, avec beaucoup d’imagination, de trouver des solutions pour un patient particulier » parce qu’il y a toujours quelque chose à faire.

Et vous, avez-vous déjà été confronté à ce genre de difficultés ? Qu’est-ce que vous avez mis en place pour les gérer ?

 

Pour lire les articles, cliquez sur les liens ci-dessous :

 

Les cris et les lamentations des patients atteints de démence (première partie)

Les cris et les lamentations des patients atteints de démence (deuxième partie)

 

 

16 Comments

  1. Bonjour, je rencontre actuellement ce problème ou je travaille et je ne sais pas trop comment le gérer.
    Nous avons une résidente qui crie afin de nous solliciter. Elle a toujours eu des personnes d’aide et elle nous appelle tout le temps. Ce qui est difficile c’est que les autres résidents développe de l’agressivité envers elle. Certains collegues aussi en ont assez et ne supporte plus …

    que faire ???

    • Bonjour
      Merci pour votre message. Si on s’en tient aux articles du Dr Groulx, la 1ère chose à faire est de rechercher des causes éventuelles. Ces causes peuvent être internes (douleur, inconfort, sentiment de solitude …) ou externes (facteurs de stress, stimulations excessives ou insuffisantes de l’environnement…). Vous semblez déjà donner une raison : cette dame a toujours eu “des personnes d’aide”. Peut-être alors se sent-elle seule ? Sans doute que cette solitude entraine chez elle des angoisses et elle trouve une manière de les gérer: vous solliciter. Ceci n’est qu’une hypothèse, il va falloir la vérifier en éliminant les autres causes possibles de ces cris. Ensuite, il conviendra d’inventer des solutions qui prennent en compte ses angoisses et surtout ce qui peut la rassurer. Si vous constatez que cette dame est plutôt calme l’après-midi parce qu’elle reçoit de la visite et plutôt agitée le matin et le soir quand elle est seule, vous avez une piste. Des expériences ont par exemple montré qu’un enregistrement vidéo de quelqu’un de proche qui s’adresse à elle, enregistrement qu’elle peut visionner dans sa chambre, permet d’apaiser certains sentiments d’abandon. Il faut tester, ajuster, et inventer continuellement des solutions. La pire chose qui puisse vous arriver, à elle et à vous, c’est le jour où vous arrêterez d’essayer et d’inventer des solutions…. Bon courage et racontez-nous ce que vous allez inventer….

  2. Bonjour,
    Votre résidente crie pour appeler une présence. Avez vous pensé à l’installer dans le couloir, près du bureau d’accueil ou d’esbroufe infirmières. La musique est également une solution pour marquer une présence fictive mais peut être rassurante pour elle (ou la Radio, musique…).
    À chaque passage devant cette personne que vous aurez mis dans le couloir, une poigne de main, un verre d’ eau et ou un sourire l’apaiseront certainement aussi.
    Bien à vous,
    Delphine, aide-soignante

  3. Bonjour,
    Comment permettre à une résidente très âgée, mal voyante et sourde de supporter que l’on ne puisse pas toujours être près d’elle car elle a un énorme besoin de présence et la prise en charge de mon service est de 13 autres résidents.
    Dès que je la laisse seule elle hurle madame, appelle sa maman….
    Le service est très perturbé par ses cris incessants et je m’aperçois que certains autres résidents ont un comportement qui n’est pas habituel.
    Si vous pouviez me donner des conseils pour son bien être mais surtout pour les autres résidents qui ne devraient pas subir cela.
    Nous avons essayé de trouver des solutions et nous nous sommes aperçus qu’il n’y a que la présence d’un soignant à ses côtés qui la calme.
    Merci de m’apporter vos conseils et vécu.
    Cordialement

  4. Bonjour, papa (91ans)et maman(88ans) sont en maison de retraite, maman est autonome, papa alzheimer, leur relation à tjrs été fusionnelle, d’où le choix d’un placement ensemble ds la même chambre.
    Papa cri car il veut aller à la selle, et à 80%, qd il est mis au wc, il ne fait rien, l’équipe ne se mobilise plus pour le mettre au toilette, le transfert est difficile… Maman est épuisé par ses cris, lui dit qu’il a la couche, il se calme et 10mns après il recommence…. Que faire ? Cela est douloureux

    • Bonjour Berti. Je n’ai pas tous les éléments concernant cette situation, mais il semblerait que votre papa soit angoissé à l’idée de s’oublier. Ce qui est plutôt une bonne chose dans un certain sens, puisqu’il a encore la volonté de bien faire et de rester digne. Il convient d’évaluer d’un point de vue médical s’il n’y a pas de problèmes physiologiques qui pourraient expliquer cela ou bien s’il s’agit de facteurs liés au vieillissement, à des troubles cognitifs ou bien à des angoisses. Le plus difficile dans cette situation c’est qu’elle impacte aussi votre maman et l’équipe soignante. Faite le lien avec le ou la psychologue de l’établissement afin de voir ce qui peut être mis en place pour d’abord évaluer la situation et ensuite proposer des pistes pour rassurer votre papa. Sans oublier d’aider votre maman à mieux vivre cette situation. Tenez-nous au courant. Bien à vous

  5. Bonsoir, mon pere alzheimer crit des qu on le touche, les transferts sont de plus en plus difficile…ns avons fait tous les examens,il n a rien…a quoi cela peut etre du…mon pere est tjrs a la maison,souvent entoure, enfants et petits enfants…ma mere malvoyante gere encore la maison…ns avons les passages d auxiliaires de vie et infirmieres… pourquoi a t il des douleurs des qu on le touche alors que les examens st bon ?

    Merci pr votre retoir

    • Bonjour
      Voici quelques hypothèses ou plutôt quelques pistes qu’il conviendra d’explorer. La maladie d’Alzheimer, du fait des troubles cognitifs, entraine une angoisse très importante qui se manifeste par beaucoup d’anticipation. Il y a un cercle vicieux entre la douleur, l’angoisse et l’anticipation de la douleur. Par ailleurs, les troubles cognitifs entraine souvent un vécu de “persécution” et les gestes de soin peuvent être alors vécus comme une agression. Autre piste, celle de la baisse de l’estime de soi, où la perte d’autonomie peut entraine un vécu douloureux et de colère. Dans tous les cas, il convient d’être dans une approche progressive (voir l’article sur l’humanitude), et centrée sur les émotions de la personne (voir l’article sur la méthode de Naomi Feil). Privilégiez les moments positifs avec votre papa. Bien à vous

  6. Je lis ces messages et me trouvant dans cette situation me permet de m’exprimer. Mon époux a fait un avc mars 2019 et son état s’est aggravé ce qui m’a obligée à le placer en ehpad. Il a 72 ans moi 63. C’est un déchirement d’autant plus que son état mental s’aggrave. Il crie n’a pratiquement plus de conversation si on ne l’incite pas répète mot pour mot ce que je lui dit . Tient des propos incohérents et mange comme un ogre sans plaisir. Personne ne m’aide ou me conseille face à cette terrible situation. Je passe les détails sur sa santé en général. Lui même ne peut plus rien gérer. Mon chagrin et mon impuissance sont lourds à porter . Qui pourrait m’aider à faire face?

    • Bonjour Maryline. Votre situation doit être très difficile à vivre en effet. Je vais vous donner quelques éléments même si le mieux serait de vous faire accompagner par le/la psychologue de l’EHPAD ou de voir un psychologue spécialisé en ville. Dans les atteintes cognitives, nous avons souvent recours à ce qu’on appelle la mémoire implicite, c’est une mémoire non verbale. On peut la solliciter en utilisant des photos ou des objets à contenu émotionnel (photos de vacances ou des petits enfants), des odeurs (plantes aromatiques …), des caresses/massages de la mains. Le livre “la clé des sens” est un très bon support pour utiliser cette mémoire qui permet de maintenir le lien et les échanges. Maintenant il faut aussi prendre en compte les boucles de rétroaction dans la conversation : votre conjoint répète vos mots parce que son langage est altéré mais c’est sa manière à lui de maintenir la conversation : il va être incité à continuer ou à se renfermer en fonction de vos encouragements. C’est pour ça que vous devez être soutenue de votre côté parce que ça demande un sacré recul pour encourager son conjoint là où nous voyons une détérioration. Gardez à l’esprit que l’objectif principal est le maintien de la relation, quelque soit sa modalité. Je vous souhaite de trouver les ressources nécessaires pour traverser ce défi. Bien à vous

  7. Bonjour, impuissance et désarroi. Ma maman a un Alzheimer précoce, depuis 10 ans. Elle va fêter ses 64 ans et nous avons du prendre la douloureuse décision de la placer en ephad depuis le mois de mai. La maladie s’est terriblement accrue depuis deux ans. Elle ne reconnaît plus personne, ne marche plus, ne peut plus manger solide… Mais surtout, elle crie. Elle appelle sa mère (qui a été une marâtre durant toute son enfance), elle est terriblement angoissée, son visage se crispe, on dirait qu’elle va éclater en sanglots puis elle crie.
    La musique, les paroles bienveillantes, les caresses, les changements de tons (Surprise, rires, chuchotements…) n’arrivent qu’à détourner son angoisse que quelques secondes. Les médecins nous disent que c’est l’évolution de la maladie mais c’est trop difficile de la voir dans cet état constant de panique et d’angoisse. Que faire ?
    Merci pour votre future réponse…

    • Bonjour Patricia
      En effet l’évolution de la maladie est une sacré épreuve pour l’entourage. Je crois que l’important est de continuer à donner du sens à ce que nous faisons : que nous continuons d’être là pour nos aînés, avec parfois des hauts et parfois des bas, que notre présence est indispensable. Et ne surtout pas oublié que la mémoire émotionnelle est ce qui perdure et donc trouver des moyens d’entrer en communication par cet intermédiaire. Vous pouvez regarde le livre de Martine Perron sur la clé des sens.
      Bon courage

  8. Une patiente criait, criait, surtout la nuit, perturbant tout le monde. J’ai pris le temps de l’observer, et j’ai cru déceler des signes de peur:yeux agrandis, pouls accéléré, agitation… j’ai un peu crié avec elle, ce qui l’a étonnée, elle m’a regardée, j’ai dit: qu’y-a-t-il qui vous fait peur?” et elle a répondu; “làà, lààà, là” en montrant divers points des murs d’un air horrifié. j’ai dit: “ah oui, ya des bêtes, c’est ça?” Elle a fait oui de la tête, je lui ai dit:”je m’en occupe” sur un ton décidé, j’ai pris un torchon, et je l’ai claqué contre le mur à plusieurs reprises en disant: “tiens, sale bête, ah, je l’ai eue” et au bout de peu de temps, la dame s’est apaisée et elle a dormi environ 30 minutes avant de recommencer à hurler…J’ai recommencé la même manoeuvre, et ça a fonctionné encore. Mais après, vu les besoins du service, je n’ai plus pu, et elle criait à nouveau comme d’habitude…

    • Merci pour votre témoignage.
      Le manque de personnel est en effet le nerf de la guerre et c’est d’actualité.
      Bonne continuation

  9. Bonsoir mon père n arrête pas de chantonner es ce normal merci

    • Bonjour
      Si on s’en tient aux articles référencés ici, ce peut être une manière de meubler l’espace en effet …
      Bien à vous

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