Quels sont les symptômes de la maladie d’Alzheimer ?
Bien que l’évolution de la maladie soit différente pour chaque personne, l’apparition des symptômes de la maladie d’Alzheimer suit globalement les mêmes étapes, ce qui nous permet de définir 3 stades d’évolution :
- Un stade léger
- Un stade modéré
- Un stade sévère
Les symptômes de la maladie d’Alzheimer vont donc dépendre du stade d’évolution dans lequel la personne se trouve.
1. Le stade léger de la maladie d’Alzheimer
Cette phase de début est caractérisée essentiellement par :
- Des troubles de la mémoire, en particulier de la mémoire épisodique qui concerne les faits récents. Ils se caractérisent par des oublis concernant des épisodes vécus récemment mais aussi par des difficultés à apprendre de nouvelles informations.
- Des symptômes psycho-comportementaux : apathie (état d’indifférence), désintérêt, irritabilité, abandon progressif d’activités jusque-là fortement investies.
Qu’appelle-t-on symptômes psycho-comportementaux ?
Chez le sujet âgé, les symptômes psycho-comportementaux peuvent se définir comme des conduites et des attitudes inadaptées aux lieux et aux situations en référence aux normes culturelles communément admises (Ohnen S.H., 2002).
A ce stade, la maladie d’Alzheimer peut passer inaperçue ou être interprétée à tort comme la conséquence d’un tableau dépressif, ou de troubles de la mémoire liés au vieillissement normal.
Dans ce tableau, d’autres troubles cognitifs peuvent être présents :
- Des troubles du langage : ils sont, après les troubles de la mémoire, les plus fréquents. Généralement, le langage écrit est touché avant le langage oral. Concernant les troubles du langage oral, il s’agit d’abord d’hésitations (manque du mot), obligeant la personne à décrire la fonction des objets qu’il ne parvient plus à nommer.
- Une désorientation : la désorientation peut être spatiale (je ne retrouve plus mon chemin pour rentrer chez moi), mais aussi temporelle (je ne sais plus à quelle époque nous sommes).
- Des troubles attentionnels : il s’agit de difficultés pour focaliser son attention et la maintenir.
Mais aussi d’autres troubles psycho-comportementaux :
- Des troubles anxieux : ces symptômes sont fréquents et témoignent des conséquences psychologiques de la maladie.
- Un syndrome dépressif : il survient généralement après la prise de conscience des troubles cognitifs.
Comment ces troubles se manifestent dans le quotidien ?
A ce stade, la personne peut se perdre, ne plus retrouver son chemin, égarer des objets, ou les ranger dans des endroits inappropriés. Elle peut avoir tendance à répéter les mêmes questions. Elle peut manifester des difficultés dans la manipulation de l’argent et dans la bonne tenue d’une comptabilité. Elle mettra plus de temps à accomplir des tâches pourtant bien connues. Son humeur peut varier, manifestant des signes d’exaspération, de désintérêt ou de repli. Ce qui est très significatif c’est l’abandon d’activités jusque-là investies : il ne va plus au jardin alors qu’il adorait cela et ne passait pas une journée sans y aller.
Toutefois à ce stade de la maladie d’Alzheimer, les troubles peuvent rester discrets, et l’autonomie est relativement préservée. Cette phase peut durer de 2 à 4 ans en moyenne.
2. Le stade modéré de la maladie d’Alzheimer
La maladie d’Alzheimer étant une maladie évolutive et progressive, les symptômes retrouvés dans le stade modéré vont tout d’abord être une amplification des symptômes du stage léger. Autrement dit, les troubles de la mémoire et les troubles du langage vont devenir significatifs et vont s’associer à d’autres troubles. Les manifestations psycho-comportementales vont également devenir plus marquées.
Aux troubles cognitifs déjà connus :
- Les troubles de la mémoire deviennent majeurs : les événements récents sont oubliés et les capacités d’apprentissage sont sévèrement atteintes. Un certain nombre de repères biographiques ou historiques tendent à s’effacer.
- Les troubles du langage: le discours contient de moins en moins d’informations, il s’appauvrit, et peut même devenir parfois incohérent. Les capacités de compréhension diminuent. Les troubles de l’écriture et de la lecture deviennent plus importants.
- Les désorientations spatiale et temporelle s’accentuent.
Vont s’ajouter :
- Des troubles praxiques : ils concernent la coordination de l’activité gestuelle rendant la réalisation des gestes quotidiens difficiles. L’utilisation des objets de l’environnement quotidien peut s’avérer difficile (s’habiller, préparer un repas, utiliser une fourchette…).
- Des troubles gnosiques : ils concernent la reconnaissance des objets et des personnes. La faculté à reconnaitre les objets est atteinte, pouvant aller jusqu’à l’incapacité de reconnaître le visage de ses proches ainsi que sa propre image dans le miroir.
- Une anosognosie : c’est la non-reconnaissance de ses troubles. La personne ne reconnait pas avoir les troubles mentionnés, elle essaye de trouver une parade pour expliquer ce qui lui arrive. Certains professionnels parlent de non-conscience des troubles, mais je préfère parler de non-reconnaissance parce qu’on ne sait pas s’ils n’en ont pas conscience et qu’un certain nombre de mécanismes psychologiques peuvent expliquer cette non-reconnaissance.
- Des troubles des fonctions exécutives : les fonctions exécutives concernent les capacités à planifier, à organiser, à suivre un raisonnement logique. Ces facultés sont sérieusement atteintes à ce stade rendant difficile un certain nombre d’activités quotidiennes : s’habiller demande une certaine organisation et de procéder selon un certain ordre pour ne pas mettre son caleçon après son pantalon….
Connaissez-vous les « 3 a » ?
On parle souvent du syndrome aphaso-apraxo-agnosique correspondant aux troubles mentionnés ci-dessus. Un moyen mnémotechniques consiste à utiliser la 1ère lettre de chaque mot donnant ainsi la formule des « 3 a ». Mais certains petits malins ont ajouté l’anosognosie, transformant ainsi notre formule en « 4 a ». Puis d’autres, encore plus malins, ont ajouté l’apathie, transformant notre formule en « 5 a ». Allez qui dit mieux ?
Concernant les troubles psycho-comportementaux :
- Les troubles anxieux et dépressifs peuvent s’accentuer mais ils ne sont pas présents chez tous. Ils sont sans doute réactionnels aux troubles cognitifs évoqués d’où la question de la « non-reconnaissance » des troubles et non pas de la « non-conscience ».
- Certains professionnels parlent d’une modification de la personnalité se référant aux symptômes de désintérêt, d’indifférence, d’agressivité … Un débat existe sur ce point parce que ces symptômes sont-ils le résultat d’une modification de la personnalité ou bien le résultat des symptômes cognitifs et des divers évènements perçus comme angoissants ? La seule modification de la personnalité concerne certainement la désinhibition due à la détérioration du lobe frontal.
- Des troubles du comportement : on trouve ici les stéréotypies (plier, déplier….), les déambulations, l’agitation, les cris…. Ici aussi un débat existe parce que ces troubles sont souvent en relation avec ce qui se passe dans l’environnement interne (douleur …) ou externe (personne perçue comme dangereuse…). De fait il ne s’agit pas de trouble du comportement mais de comportements qui ont du sens et dont il nous incombe de trouver une signification.
Et comme si cela n’était pas suffisant, d’autres troubles viennent s’ajouter :
- Des troubles sphinctériens : d’une incontinence urinaire nocturne à une incontinence totale.
- Des troubles du rythme veille-sommeil : les courbes du rythme veille-sommeil tendent à s’inverser chez les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. Le sommeil devient de moins bonne qualité, entrainant des somnolences le jour.
Comment ces troubles se manifestent dans le quotidien ?
Dans ce stade, l’’autonomie est réduite de façon significative et la personne devient de plus en plus dépendante de son entourage. La personne parvient difficilement à reconnaitre les objets du quotidien et à les utiliser de manière adéquate : s’habiller, se laver, cuisiner ….
Elle ne parvient plus à écrire ni à tenir ses comptes. Les pertes de mémoire sont nombreuses et la capacité à apprendre de nouvelles choses tend à disparaître. Elle peut se perdre en allant faire ses courses et ne plus reconnaitre sa maison ou sa chambre. La personne peut ne plus reconnaitre le visage d’une personne proche ou la prendre pour quelqu’un d’autre. Elle peut parfois penser qu’une personne proche est un imposteur ou bien qu’une personne décédée vit toujours. Les évènements qu’elle visionne à la télévision peuvent lui sembler réels.
Des épisodes d’anxiété et de confusion peuvent apparaître et la capacité à s’adapter à de nouvelles situations diminue grandement.
Toutefois à ce stade, la personne reste capable d’éprouver des émotions et de réagir devant leurs manifestations, on parle de mémoire affective. Le film N’oublie Jamais rend bien compte de cette dimension. Cette phase peut durer de 2 à 10 ans en moyenne.
3. Le stade sévère de la maladie d’Alzheimer
Au stade avancé de la maladie d’Alzheimer, l’autonomie de la personne s’est dégradée au point d’exiger des soins constants. Les troubles présentés aux stades précédents se sont largement développés.
- La capacité à utiliser le langage verbal tend à disparaître. Des grognements et des gémissements peuvent apparaître. La communication non verbale va devenir indispensable pour maintenir une communication essentielle. D’autant qu’à ce stade, la conscience du schéma corporel tend à s’altérer.
- Des troubles de la déglutition vont s’imposer et rendre la capacité à avaler difficile voire même dangereuse au travers des « fausses routes ». La conséquence directe sera une perte de poids importante rendant la mobilité de plus en plus précaire.
- Les capacités motrices vont se dégrader limitant la capacité à se déplacer et à bouger sans aide. Des infections de la peau peuvent apparaître comme conséquence d’une immobilisation prolongée et d’une mauvaise alimentation.
Cette phase peut durer de 1 à 3 ans en moyenne.
Crédits photographiques :
Image de couverture : © nikolya – Fotolia.com
Image texte : © Jenny Sturm – Fotolia.com